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Eine Laudatio auf Pascale Kramer

Eine Laudatio auf Pascale Kramer
Pascale Kramer, fotografiert von Corine Stoll.

Vor der Trägerin des diesjährigen Literaturpreises kapitulieren nicht die Leser und auch nicht die Jury. Beides soll ja gelegentlich vorkommen. Nein: Vor der Trägerin des diesjährigen Literaturpreises kapitulieren die Vorurteile. Das ist bereits eine Leistung in einer Welt, die sich allzu oft an Vorurteile zu klammern scheint.

Erstes Vorurteil: Wer so düstere Stoffe verarbeitet wie unsere Preisträgerin, der geht deprimiert durchs Leben – niedergebeugt von der «conditio humana». Oder soll man sagen: von der «conditio inhumana».

Die Autorin selber beschreibt diese Erwartungshaltung ihr gegenüber so: «Il m’arrive en effet de rencontrer des lecteurs qui m’imaginent, sinon sinistre, du moins très tourmentée. A l’inverse, les amis qui me lisent ont quelque peine à faire coincider mon caractère sociable et enjoué avec la tristesse qui émane de mes textes. Mais c’est là une confusion sur les termes: j’ai en réalité un fond très gai, mais je ne suis pas optimiste du tout, bien au contraire.»

Sie ist ein Anti-Candide – sie fürchtet, dass wir in der Tat in der besten aller möglichen Welten leben.

Unsere Preisträgerin ist bekannt für ihr Lachen, ihre Direktheit – und ihre Kommunikationskompetenz, die den Protagonisten ihrer Bücher meist völlig abgeht. Damit wären wir beim zweiten Vorurteil: Die Preisträgerin arbeitet in der Werbebranche – wo Schlagworte und Klischee-Bewirtschaftung ebenso verbreitet sind wie in der Politik. Und ausgerechnet diese Werberin ist als Autorin eine Meisterin der Zwischentöne, des beredten Schweigens, der «non-dits». Eine, die die Zeichen der Zeit – und des Zeitgeistes – virtuos dechiffriert. Diese Zeichen der Zeit im Zwischenmenschlichen, im Seelischen aufspürt.

Meine Damen und Herren. Sie wissen jetzt natürlich, wen ich meine: Pascale Kramer.

Wir ehren Pascale Kramer mit dem Schweizer Literaturpreis für ein Werk, das um die Themen Tod, Verhängnis, Trauer kreist.

Ihr Erstlingswerk von 1982 heisst – vielleicht bezeichnend, vielleicht programmatisch: «Variations sur une même scène». Ja, ihr Werk ist geprägt von Leitmotiven – oder besser: von Leidmotiven. Aber jedes ihrer Bücher ist doch wieder überraschend, originell, originär. Von «Manu» bis «Onze ans plus tard». Von «L’adieu du Nord» bis «L’implacable brutalité du réveil».

Chez Pascale Kramer, il est toujours question, sous une forme ou sous une autre, des ténèbres qui planent en permanence au-dessus de nos têtes.

• Du malheur qui peut s’abattre à tout instant.
• De la fatalité qui s’est déjà abattue sur la vie des protagonistes.
• Ou de la souffrance que ceux-ci ont provoquée.
• PAS par méchanceté, MAIS PAR égoïsme, par légèreté, par lâcheté ou encore par  faiblesse, comme dans «Manu».

Pascale Kramer ne juge pas; elle observe, elle décrit. Elle aborde de grandes questions d’ordre moral – justement parce que toute forme de moralisme lui est étrangère. Elle ne fustige pas ces petits mensonges du quotidien, mais se contente de les dépeindre.

Et en les dépeignant, elle les révèle comme ce qu’ils sont vraiment: de grandes impostures, en vérité…

• Comme dans «Onze ans plus tard», un portrait de couple d’une précision bouleversante,  dans lequel Pascale Kramer renonce entièrement au discours direct.
• Cette communication indirecte, c’est la quintessence du microcosme «kramérien».

Pour mieux toucher au vrai, elle s’attache à un détail, à une ombre dans le regard, à une inflexion de la voix. Et, l’air de rien, dévoile tout.

Les thèmes développés par Pascale Kramer sont universels. Mais ses livres ne se passent jamais en Suisse, à l’exception de «Retour d’Uruguay». La Suisse n’est même pas mentionnée. Et on ne peut pas dire non plus qu’elle soit consciencieusement ignorée.

Pas d’inquiétude toutefois, ce n’est pas pour cela que la Confédération va retirer son prix à Madame Kramer.

Sérieusement: il y a quelque chose dans son œuvre qu’il est quasiment impossible de rattacher à un pays ou à un endroit. On pourrait toutefois voir une dimension helvétique dans sa méfiance envers l’abus de pouvoir, dans son aptitude à mettre le doigt sur les fausses notes.

Dans sa faculté à identifier la violence structurelle.

• Cette violence qu’exercent ceux qui connaissent les codes sur ceux qui ne les  connaissent pas.
• Sans même le vouloir, j’entends.

Pascale Kramer possède un sismographe de la souffrance causée par ces différences subtiles qui, en France où vit l’auteur, se révèlent en fait marquantes.

Des différences qui font beaucoup, alors qu’en Suisse, pays de la démocratie horizontale, elles sont – heureusement – presque insignifiantes.

Oui, dans cette autopsie des rapports de forces, que le bercement de la rhétorique apaisante de l’écrivain n’arrive pas à faire oublier, on trouve une sensibilité toute helvétique.

A cet égard, l’«autopsie d’un père» se révèle édifiant:

Ce roman nous fait témoin de la manière dont un père, cultivé, tout en assurance, va,  toute sa vie et sans s’en rendre compte, intimider et blesser sa fille. Une fille complètement différente de lui: peu sûre d’elle, pas très forte à l’école, dépassée.

Le manque d’empathie pour les autres, pour les plus faibles, c’est l’un des grands problèmes politiques de notre époque. La dernière année l’a montré, du Brexit à l’élection de Trump.

Pascale Kramer le démontre avec brio dans son œuvre:

• Même sans qu’on le veuille, les choses peuvent mal finir.
• Même sans qu’on le veuille, l’autre peut se sentir humilié.
• Inconsciemment, le ressentiment fait son nid et finit par appeler la vengeance.

L’empathie pour ceux qui se sentent humiliés est fortement ancrée dans les mentalités de notre pays; nous misons, dans de nombreux domaines, sur l’équité et la solidarité.

Nous devons préserver cette empathie, pour que notre diversité ne devienne pas une force centrifuge: une force qui divise au lieu de rassembler. Qui fragilise au lieu de renforcer.

Cette attitude profondément démocratique, Pascale Kramer l’a faite sienne; elle a ainsi expliqué un jour s’intéresser surtout aux gens normaux:

«Non par souci social, mais parce que les êtres sans ego, bruts de fonderie, qui n’ont pas une conscience trop élevée d’eux-mêmes, me paraissent réellement plus intéressants que les autres».

Voilà pourquoi ses livres sont, à leur manière, si politiques.

Toutes mes félicitations à Pascale Kramer, lauréate du Prix suisse de littérature 2017!

Pascale Kramer erhält den «Grand Prix Literatur 2017».

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